Expérience chamanique péruvienne

INTERVIEW DU 9 FEVRIER 2025

Bonjour Marie-Thérèse Haquin,

De retour de votre immersion en Amazonie, où vous avez exploré l'art ancestral des plantes médicinales, qu'est-ce qui vous a poussé à rencontrer des chamanes péruviens dans une cabane au cœur de la forêt, avec un confort minimal ?

Depuis des années, je suis engagée dans le bien-être, ayant suivi des stages en Thaïlande et des formations en France pour apporter du soulagement et du bien-être à mes contemporains. Cependant, il me manquait une pièce essentielle : entreprendre un voyage intérieur, me dépouiller de tout confort matériel, et me connecter avec des êtres spirituels porteurs d'une sagesse ancestrale.

Aujourd'hui, je peux affirmer que cette expérience a dépassé toutes mes attentes. J'ai découvert l'ayahuasca et d'autres plantes sacrées, et j'ai pu pénétrer au plus profond de mon être, atteindre un niveau de conscience élargi, ressentir les énergies de la terre, et enfin découvrir ma vocation de guérisseuse.

Ce périple m'a permis de me reconnecter à l'essentiel, de redécouvrir la puissance de la nature et d'embrasser pleinement ma mission de vie. Chaque rencontre avec les chamanes était une leçon d'humilité et de respect pour le monde naturel. J'ai appris à écouter les murmures de la forêt, à m'ouvrir aux énergies subtiles qui nous entourent et à accueillir la transformation intérieure avec gratitude.

Ce voyage initiatique m'a montré que le véritable bien-être réside dans l'harmonie entre l'esprit, le corps et la nature. Aujourd'hui, je suis prête à partager cette sagesse et à guider d'autres sur le chemin de la guérison et de la plénitude. Mon cœur est rempli de gratitude pour cette expérience transformatrice, et je suis déterminée à poursuivre ce chemin avec passion et dévouement.

Vous m'avez expliqué en Off la préparation de ce voyage à l'image de celle d'un athlète de haut niveau. Pourriez-vous m'en dire davantage ?

Il est conseillé de suivre une diète pendant au moins 7 à 10 jours avant la première cérémonie, bien que 15 jours soient considérés comme encore plus bénéfiques : alimentation saine, préparation mentale, abstinence sexuelle.

L'un des aspects les plus cruciaux de cette préparation était la diète avant la cérémonie d'ayahuasca. J'ai suivi à la lettre les recommandations essentielles : éviter la viande, le sucre, le sel, l'ail, le poivre, l'alcool, les boissons gazeuses et les aliments transformés. Il est conseillé de ne rien consommer pendant 5 à 6 heures avant l'ayahuasca, et certains choisissent même de jeûner toute la journée précédant la cérémonie.

Cette diète stricte permet de purifier le corps et de préparer l'esprit à l'expérience spirituelle intense qui s'ensuit. Il est également crucial d'éviter les médicaments, en particulier les antidépresseurs, car ils peuvent interagir dangereusement avec l'ayahuasca. 

Cette préparation minutieuse a non seulement renforcé ma connexion avec la nature environnante, mais m'a aussi permis d'aborder la cérémonie avec un esprit clair et ouvert. Le respect de ces recommandations a été fondamental pour vivre pleinement cette aventure spirituelle et culturelle unique.

Après ce séjour chamanique, une question récurrente émerge : doit-on vous désigner Chamane ?

Surtout pas. Au contact de ces Péruviens, j'ai appris l'humilité. Cette expérience m'a ouvert les yeux sur l'immensité des pouvoirs des plantes et des chants, et face à cela, je me sens toute petite. Le charisme et le savoir des anciens du village sont impressionnants et inspirants. Ils incarnent une sagesse ancestrale qui transcende les générations. Notre formateur, malgré ses 12 années passées au cœur de l'Amazonie, se considère lui-même comme un apprenti chamane.

Cette humilité est une leçon en soi : le chemin vers la maîtrise du savoir chamanique est un voyage sans fin, un apprentissage perpétuel. Les plantes, avec leurs secrets millénaires, et les chants, véritables ponts entre les mondes, nous rappellent que nous sommes toujours des élèves de la nature. Cette aventure m'a inspirée à embrasser la quête de connaissance avec respect et gratitude, consciente que chaque pas est une nouvelle découverte. Ainsi, je continue mon chemin, humble et émerveillée, prête à apprendre encore et encore.

Dans notre monde occidental, de nombreux individus se nomment "chamane" sur leurs cartes de visite, une démarche qui suscite des réflexions profondes.

C'est l'affaire de chacun, je ne suis pas apte à valider ou non un statut de chamane, je ne porte aucun jugement.

Pour moi, le titre de chamane ne peut être attribué à la légère. Chaque parcours spirituel est unique, façonné par une introspection continue et un voyage intérieur sans fin. Se déclarer chamane est une décision qui ne doit pas être prise à la légère, car elle implique une compréhension profonde de soi et du monde qui nous entoure. 

Lors de mon séjour au village de Tarapoto, j'ai découvert que ce titre ne me concerne pas dans cette vie. Les enseignements que j'ai reçus m'ont ouvert les yeux sur le fait que devenir chamane est un chemin long et ardu, bien au-delà de ma ligne d'horizon actuelle. Je ne suis qu'au début de mon parcours initiatique, et chaque jour m'apporte de nouvelles leçons.

Ce voyage spirituel est une source d'inspiration constante, me rappelant que la véritable sagesse réside dans l'humilité et la quête perpétuelle de la connaissance. Soyons ouverts à l'apprentissage, car c'est dans cette ouverture que réside la véritable essence du chemin chamanique.

Auriez-vous autre chose à ajouter ?

Je souhaite exprimer ma profonde gratitude envers un ami très spécial, dont je tairai le nom par respect pour sa discrétion. Depuis l'automne dernier, il a été un guide précieux dans mon voyage intérieur. Grâce à lui, j'ai découvert la méditation et me suis lancée dans des marches méditatives en pleine nature, parcourant plus de 15 km à chaque fois. Ces promenades m'ont permis de me reconnecter à moi-même et à l'énergie inspirante des lieux que nous avons visités ensemble.

Cet ami m'a également enseigné l'art de me libérer du superflu, de me détacher des possessions matérielles qui encombraient mon esprit. C'est un apprentissage pour lequel je lui suis infiniment reconnaissant, car il a ouvert la voie à une transformation profonde de mon être. À travers cette expérience, j'ai compris que le véritable trésor réside dans la simplicité et l'authenticité.

À mon retour, j'ai eu la joie de retrouver cet ami qui mérite le titre de Sherpa, et ensemble, nous avons décidé de poursuivre cette quête de transformation intérieure. Je suis consciente que, bien qu'il soit un guide éclairé, c'est à moi de prendre les rênes de mon propre destin. Il m'indique une direction, mais c'est à moi de tracer mon chemin avec détermination et courage.

Je tiens également à remercier les chamanes et l'encadrement bienveillant que j'ai rencontrés à Tarapoto. Leur présence rassurante et leur sagesse ont été des éléments essentiels dans ce parcours de découverte de soi. Ils ont su créer un espace sécurisant où j'ai pu explorer les profondeurs de mon être en toute confiance.

Ensemble, ces expériences m'ont permis de grandir, de me réinventer et de me rapprocher de la personne que je souhaite devenir. Je suis emplie de gratitude pour tous ceux qui ont croisé ma route et m'ont aidé à évoluer. Je suis prête à embrasser l'avenir avec espoir et enthousiasme, consciente que chaque pas que je fais me rapproche un peu plus de ma véritable essence.

Marie-Thérèse, Je vous remercie.

Phil Tchang